La situation de l’Europe actuelle soulève des interrogations majeures sur l’équilibre entre ferroviaire et transport routier. Alors que le rail, un mode de transport écoresponsable, est mis à mal par des politiques profitant de la concurrence routière, l’avenir du transport de marchandises en Europe est en jeu. Les décisions politiques prises à l’échelle de l’Union européenne semblent privilégier le camion au détriment de l’investissement dans les infrastructures ferroviaires, entraînant des conséquences néfastes tant sur la congestion routière que sur l’environnement.
Le paradoxe du ferroutage en Suisse
La Suisse, souvent citée en exemple pour son système de ferroutage, s’apprête à affronter une régression significative de ses capacités de transport ferroviaire de marchandises. D’ici la fin de 2025, la possibilité de transporter des camions par train entre l’Allemagne et l’Italie sera fortement compromise. Cette situation résulte de choix politiques en faveur de la route, amplifiant les enjeux de sécurité routière, de pollution et d’usure des infrastructures.
Un système ferroviaire sous pression
Les conséquences de cette évolution sont alarmantes :
- Augmentation prévue de 77 000 camions sur les routes suisses
- Répercussions sur l’environnement : pollution accrue, risque d’accidents et dégradation des infrastructures
- Impact négatif sur la qualité de vie des habitants des vallées alpines
Le ferroutage avait pour objectif de transférer le transit routier au rail, minimisant ainsi l’impact environnemental. Cependant, les contraintes économiques et politiques ne permettent pas d’atteindre cet objectif, ce qui menace la durabilité de ce mode de transport.
L’impact des directives européennes sur le transport ferroviaire
Les directives de l’Union européenne favorisent un modèle de transport routier. Les pays comme la France, soumis à ces politiques, ne peuvent pas mettre en œuvre des mesures limitant le trafic routier. En effet, l’ouverture à la concurrence a été favorisée au détriment de l’investissement dans le rail, exacerbant la situation actuelle.
Année | Part modale du rail (%) | Volume routier (millions de tonnes) |
---|---|---|
1995 | 15% | 42 |
2005 | 10% | 56 |
2010 | 9% | 85 |
2025 | 9% | 160 |
Ce tableau illustre la diminution de la part modale du rail en France, corrélée à l’augmentation du volume de fret routier. Le fret ferroviaire est ainsi marginalisé depuis l’entrée de la France dans l’Union européenne, affectant le transport de marchandises sur de longues distances.
Un modèle à repenser face aux enjeux écologiques
Les enjeux actuels sont cruciaux. Il est impératif de réévaluer la stratégie de transport en Europe. La lutte contre la pollution, la congestion et la dégradation environnementale doit se faire par un traitement équitable entre rail et route. Pour cela, plusieurs mesures pourraient être envisagées :
- Renforcement des investissements dans les infrastructures ferroviaires
- Réglementation des normes de poids et de dimension des camions
- Favoriser les transports en commun, incluant le train pour le transport de passagers et de marchandises via des opérateurs comme SNCF, Eurostar, Thalys
Le succès de l’infrastructure ferroviaire repose sur une prise de conscience collective et un engagement actif des gouvernements à revoir leur politique de transport en conformité avec les besoins environnementaux. Alstom, DB, Italo et Renfe pourraient aussi jouer un rôle clé dans cette transformation.
Conclusion : un enjeu de politique publique
Face aux défis environnementaux et de santé publique, la nécessité d’une politique de transport intégrée et durable devient pressante. L’Union européenne doit assumer sa part de responsabilité dans l’orientation du transport de marchandises vers des solutions plus durables et écologiques. La financierisation et le capitalisme actuel ne doivent pas primer sur la santé publique et la protection de l’environnement. La viabilité des systèmes de transport en Europe dépend de la capacité à créer un équilibre entre rail et route.
Source: www.initiative-communiste.fr